Les Jardins de Lucie

 

A Communay, dans le Sud de Lyon, les Jardins de Lucie ont développé une initiative peu commune.

A quelques centaines de mètres de l’autoroute qui mène à Valence, c’est plus qu’un simple jardin de Cocagne qui s’est installé.

 

          Dans un jardin de Cocagne, on se réinsère par la travail de la terre

 

Comme les autres établissements associatifs du réseau Cocagne, Pousses d’avenir est une exploitation en maraîchage biologique qui emploie des salariés en réinsertion. L’objectif est de permettre à des personnes  éloignées de l’emploi par des problèmes divers (manque de qualification, de maîtrise de la langue française, d’expérience ou problèmes d’addiction) de reprendre un rythme propice au travail et de se réhabituer petit à petit à la vie professionnelle. Les fruits et légumes produits par l’exploitation sont vendus sous forme de paniers aux adhérents de l’association sur le principe de l’AMAP. Les salariés en réinsertion signent des contrats spécifiques, les CDDI (Contrat à durée déterminée d’insertion), d’une durée moyenne de 6 à 8 mois  renouvelables jusqu’à trois fois. A l’issue de leur contrat, ils seront mieux armés pour reprendre une place dans la vie active.

Aux Jardins de Lucie, on accueille en moyenne 30 salariés en réinsertion pour 20 équivalents temps plein, sur les 6 hectares cultivés que compte l’exploitation. « Il y a beaucoup de femmes, explique Michel Pras, le président de l’association. La plupart sont isolées, ont un enfant à charge ou ont été victimes de violences conjugales. Notre objectif est de leur permettre d’acquérir les savoir-êtres nécessaires dans le monde du travail ». Dix salariés permanents font fonctionner l’association, dont une chargée de communication qui a rejoint l’équipe récemment. L’association compte près de 520 familles adhérentes et achemine 450 paniers par semaine.

 

            Plus loin que le jardin

 

              En plus de l’exploitation maraîchère, Les Jardins de Lucie ont mis en place une fabrique où ils transforment leurs propres surplus de production et ceux d’autres producteurs locaux. Cette initiative, unique en Rhône-Alpes, permet aux travailleurs en insertion d’acquérir un autre savoir-faire lors de leur passage aux jardins. La plupart commencent par le maraîchage et rejoignent ensuite la fabrique où ils apprennent les différentes étapes de transformation. Le bâtiment de la fabrique a été construit en 2016 avec un tiers de financement public, un tiers d’emprunt et un tiers de dons privés. La Fondation Alpes Contrôles a participé à cette opération en effectuant un don de 5000 €. Désormais, la fabrique a pris une dimension centrale dans le monde agricole local, puisqu’elle ne transforme plus que 10% de produits issus des Jardins de Lucie. Tout le reste vient de producteurs locaux qui font appel à l’association pour transformer leurs produits. « C’est un succès, se félicite Michel Pras, d’autant plus que certains produits se vendent mieux une fois transformés, comme les cardons, emblématiques de la région lyonnaise mais longs à préparer pour un particulier ».

 

Lancée en 2008 par Muriel Verdone et deux autres porteurs de projets, les Jardins de Lucie ont réussi à prendre une belle dimension. Michel Pras, ancien maire de Communay, qui a pris la présidence de l’association a aussi apporté sa pierre à l’édifice. « Aujourd’hui, nous avons une structure qui fonctionne et qui est rentable pour la société, affirme Muriel Verdone, car plus de la moitié des gens qui passent en réinsertion chez nous repartent vers un emploi ou une formation qualifiante. En moyenne les gens restent chez nous un an, mais la particularité de l’insertion, c’est qu’on doit accepter de voir partir ceux qu’on aimerait faire rester…».

 

L’atelier de transformation baptisé « La fabrique » en cours de construction