Puits de carbone

Forêt française
La forêt française, un puits de carbone naturel
Publié le 2 septembre 2024 - Mis à jour le 3 septembre 2024

Lutte contre le réchauffement climatique : sur quels principaux puits de carbone pouvons-nous compter ?

Les puits de carbone sont des mécanismes naturels (forêt, océan…) ou artificiels (technologies CCUS : Carbon Capture, Utilisation and Storage…) qui ont la faculté d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère. Ils jouent ainsi un rôle fondamental dans la lutte contre le dérèglement climatique. Cependant, la capacité d’absorption varie d’un puits à l’autre et leur efficacité peut être influencée par l’évolution du climat.

Des puits de carbone naturels à l’efficacité variable

Forêt française

La forêt française comme puits de carbone naturel

Avec près de 13% des émissions françaises de CO2 séquestrées et une croissance continue depuis plus d’un siècle, la forêt française fut longtemps considérée comme un puits de carbone majeur. Hélas, cette tendance s’inverse aujourd’hui. Fragilisée depuis quelques années par les sécheresses, les incendies de grande ampleur et les parasites, la capacité de la forêt à stocker du carbone diminue. Autre problématique, 70% des forêts françaises sont privées. Il s’avère ainsi difficile d’assurer une gestion cohérente, capable de développer ses capacités de captation de carbone.

 

l'Océan comme puits de carbone

L’océan comme puits de carbone naturel

L’océan est également un puits de carbone majeur avec un taux d’absorption de près de 30% du CO2 annuel émit à l’échelle mondiale. D’après le dernier rapport du GIEC, « Les océans contiennent 45 fois plus de carbone que l’atmosphère ». Facteur important, plus il y a de C02 dans l’atmosphère, plus l’océan en capture grâce au couplage de phénomènes physiques et biologiques. Cependant, le réchauffement de l’eau en surface et son acidification due au C02 qu’il capte diminuent sa capacité d’absorption.

 

L’agriculture biologique, puits de carbone naturel

L’agriculture est le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France (19% du total national). Elle génère 68% des émissions nationales de méthane (CH4) et 80% des émissions nationales de protoxyde d’azote (N2O) qui contribuent hautement au réchauffement climatique. Cependant, les sols peuvent stocker davantage de carbone qu’ils n’en émettent dans certaines conditions. De nombreuses pratiques, relevant notamment de l’agriculture biologique, peuvent contribuer à atteindre cet idéal. Parmi ces solutions, nous retrouvons le non recourt à des produits chimiques de synthèse riches en azote, le développement de l’agroforesterie, l’enherbement des vignes ou encore la plantation de haies.

Des solutions technologiques pour capter le carbone

Il existe un ensemble de technologies CCUS (Carbon Capture, Utilisation and Storage) qui visent à capturer les émissions de dioxyde de carbone généralement issues de sites industriels, pour l’injecter et le stocker dans des formations géologiques tels que les anciens gisements de pétrole et de gaz. Toutefois, la capture exige 20% à 30% de l’énergie du site industriel cible et réduit d’autant sa capacité de production. Il existe en France, dans les bassins Aquitains (à terre et en mer) et Parisien (à terre) des formations géologiques capables de stocker le CO2 capté. Mais jusqu’à aujourd’hui aucun modèle économique n’existe pour assurer le développement de cette pratique.

Direct Air Capture (DAC) est une autre technologie qui vise à absorber le CO2 directement dans l’atmosphère. Cette solution est moins efficace que le CCUS puisque le CO2 est plus dilué dans l’air que lorsqu’il sort des fumées d’usines. Ce CO2 absorbé est ensuite enfoui sous terre, ou vendu pour usage commercial (plastique, produits chimiques…). La plus grande centrale de captation de carbone est en service depuis le 8 septembre 2021 à côté de Reykjavik, en Islande. Cette usine aspire en moyenne 4 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère par an, soit une quantité qui relève du symbolique. En effet, d’après Jean Marc Jancovici, Président du Think Tank The Shift Project, « Il faudrait 15 millions d’usines comme celle décrite pour pomper l’équivalent de nos émissions. »

Face à la moindre absorption de C02 par l’océan, de nouvelles méthodes permettraient d’augmenter artificiellement ses capacités de stockages. Il serait par exemple envisageable d’injecter du CO2 au fond de l’océan. Mais mesurer l’efficacité de cette pratique s’avèrerait très complexe. En effet, les zones où l’océan « pompe » du CO2 ne sont pas les mêmes que celles qui en rejettent et leurs rôles changent au cours du temps. Par ailleurs, ces pratiques génèrent une augmentation de l’acidité, phénomène défavorable au développement des coquillages et des coraux.

Renforcer les capacités d’absorption du sol, un levier prometteur

Il est aujourd’hui très difficile d’augmenter les capacités d’absorption de puits de carbone naturels sur lesquels l’homme portait beaucoup d’espoir (forêt et océan).
Par ailleurs, les technologies de captage de carbone ont également des limites importantes et sont perçues comme un moyen de poursuivre des activités polluantes.

Néanmoins, il existe une piste d’action qui se démarque des autres : améliorer les capacités de stockage de carbone des sols agricoles et d’élevage. Pour atteindre cet objectif, nous pouvons compter sur l’adoption de pratiques agricoles plus vertueuses (agriculture biologique, prairie permanente…). Les actions contribuant à augmenter la capacité du sol à stocker du carbone seraient les plus rentables d’un point de vue économique puisque leurs coûts sont inférieurs à la valeur de l’action pour le climat (250€ par tonne de CO2).

 

Pour encourager ces initiatives et trouver des solutions durables, la Fondation Alpes Contrôles soutient des projets favorables au développement de l’Agriculture Biologique.